CLOVIS TROUILLE, ARTISTE PEINTRE PICARD MORBLEU!
affiche
de l'exposition au musée de Picardie, été 2007
clovis trouille
Clovis
Trouillle est toujours inconnu à Amiens, pas la moindre rue
qui porte son nom,pour être exact il existe une venelle
prés de la Faculté et de l'Ecole de Design ,pas la moindre
statue, rien. Il est difficile de découvrir son
existence.Ce n'est pas nouveau, dans les années 70, la
seule solution c'était de mettre la main sur le livre
publié par Daniel Filipacchi . Il sommeillait parfois au
fond de la librairie loin des yeux des clients, il fallait
savoir et presque oser le demander! Et pourtant... en
l'ouvrant c'était comme une bouteille de champagne...Plein
de bulles de couleurs qui explosaient en tous sens, des
thèmes en parfait accord avec les luttes politiques et
sociales de l'époque, du rouge, du noir bien sûr mais aussi
des couleurs pop, un vrai feu d'artifice. Ses toiles
témoignaient avec force de ses convictions Anticléricales,
Antimorales et Antisociales...Déjà à l'époque il avait
obtenu haut la main le triple A, bien avant Nicolas
Sarkozy, il en avait même quatre avec l'Antimilitarisme! Sa
peinture, étonnant mélange de classicisme et de Pop-art, ne
témoigne pas d'une époque, elle a toujours été actuelle;
c'est une veilleuse contre la nuit de
l'obscurantisme.Veilleuse parce qu'il faut bien reconnaître
que Clovis n'a pas fait grand chose pour se faire
connaitre! Il est resté discret le bougre. Première
exposition personnelle en 1963 à la galerie Cordier et il
participe à l' exposition internationale sur le Surréalisme
en 1947 à la Galerie Maeght. C'est peu!Il peignait mais ne
voulait pas se séparer de ses toiles.Il fréquenta un moment
les surréalistes dans les années trente et reprit son
indépendance loin de la main de fer d'André Breton. La
revue théâtrale de Kenneth Tynan créée en 1969 à Broadway
puis à Londres en 1970 mis un peu en lumière sa peinture,
principalement le tableau qui avait inspiré Tynan pour
trouver un titre pour sa pièce « O Calcutta ».
Dans notre bonne ville d'Amiens il a fallu attendre
2007,pour voir une exposition de Clovis Trouille au musée
de Picardie alors que la maison de la culture somnolait
déjà. Il y avait même des oriflammes dans les rues. Un
grand bravo pour les initiateurs politiques et culturels de
cet hommage.Cela nous changeait du consensus mou et sans
imagination autour de Jules Verne.
Clovis Trouille, revient sur le devant de la scène avec une
belle exposition qui a tourné dans différents musées,
« Voyous,
Voyants,Voyeurs » (un bien
beau titre) et avec un livre magnifique publié aux Editions
Actes -Sud. Indispensable. A découvrir d'urgence au moment
où les fâcheux de tout poil, les fachos et les religieux
fanatiques cherchent à nous axphyxier.
hortillons
église de Charmes 02
"J'ai
eu le bonheur de faire mes études de peinture dans un haut
lieu d'art qui était l'école des Beaux-Arts d'Amiens. J'ai
produit ce Jeune homme au chapeau de paille qui en est un
exemple, n'est-ce-pas? Je le considère comme mon meilleur
tableau et c'était l'époque où je me considérais, je peux
dire que j'étais un grand peintre à cette époque-là et que,
malheureusement je n'égale plus cette époque là, parce que
j'ai eu le traumatisme de la guerre, n'est-ce pas, qui m'a
séparé de la peinture.Je dis bien à cette époque là, je ne
vivais que pour la peinture, que pour elle.J'étais un
véritable artiste.Mais je ne suis plus un véritable
artiste, parce que j'ai eu le traumatisme de cette guerre
là.Je suis devenu anarchiste, et la peinture que je fais
est anarchiste et surréaliste, tout ce que vous voulez,
mais elle n'a plus cette qualité, cette poésie de cette
époque."
xxxxx
Cathédrale d'Amiens
"J'ai
toujours été contre l'imposture des religions. Est-ce en
peignant la cathédrale d'Amiens que j'ai pris conscience de
tout ce music-hall ?"
« J’ai
pour principe qu’il faut gagner de l’argent
pour pouvoir vivre et peindre, mais qu’un tableau
peint en vue de la vente est foutu d’avance. »
« Impossible d’être indépendant si l’on
veut vivre de son art, car le métier qui vous fait vivre
étant fastidieux par lui-même, l’art que l’on
ferait ainsi par métier le serait de
même. »
xxxxx
Guerre 14/18
« Nous
étions la génération sacrifiée. Privé d’amour au
meilleur âge de la vie, je sortis de cette guerre abruti
par les dangers, l’œil furieux, le cœur
plein de rage…Toutes les belles années de ma vie se
sont passées à la guerre, n’est-ce pas je ne
pardonnerai jamais une infamie pareille. La patrie,
c’est le pays où l’on peut vivre le mieux, ce
n’est pas autre chose ; ce n’est pas
l’endroit où l’on est né. La patrie,
c’est le pays où l’on peut être heureux.
C’est ça la patrie que l’on a à défendre, et
non pas un pays, un pays qui nous fout toute notre vie dans
des guerres. » Il hait
autant l’Etat et ses généraux qui l’ont envoyé
au casse pipe que l’Eglise et sa cléricaille
hypocrite qui se paille la tête du populo.
Notre
mécréant mal-pensant ne reprend le pinceau qu’à
partir de 1930 en décidant de traiter des sujets bien loin
de son éducation familiale et artistique.
« Je suis pour l’art noir, pour le caractère
maudit. Je rejette la morale de la société bourgeoise,
l’imposture de sa religion, la morale de ses curés,
son patriocularisme, je désire au contraire une société
sans frontière.»
"Dés
cette époque, ma gaité picarde naturelle reprit le dessus
et un dimanche de 1930, fredonnant sur de « viens
poupoule...un petit tableau bien épatant quand arrive le
printemps!, je me suis mis à peindre Remenbrance, ce
tableau anti-tout. On y voit sous une pluie de décorations
généreusement octroyées aux profiteurs,embusqués, les
lauriers qu'ont gagnés ceux qui sont morts: deux soldats (
un un allemand et un français) qui se demande,par dela le
tombeau, ce qu'ils sont allés foutre à la
guerre".